Médecin généraliste avec une expérience riche est variée, lorsque j’ai voulu reprendre une activité libérale à temps plein je me suis rendue compte de façon concrète de la tension qui existait autour de la médecine générale tant du côté des médecins que de leurs partenaires et de leurs patients.

Je dis tension pour ne pas dire parfois « colère », « incompréhension » et « rancœur », « sentiment d’injustice », « d’incompréhension », « de préjugé », « de jugement », « de perte de confiance » qui altère la relation Médecin patient si indispensable à l’«Art de la Médecine ».

Hors la relation médecin-malade ne peut exister sans l’humain et la confiance qui sert de support au soin.  Et vice versa

Bref le constat est que le thermomètre de « l’humeur des médecins » est clairement en dessous de zéro.

On parle de Burn out, de dépendances diverses, d’arrêt brutal pour maladie essentiellement cardio vasculaire, de départ anticipé, d’impotence, d’espérance de vie écourtée…

Il existe également une démotivation qui peut se ressentir dans la prise en charge du patient, lié à l’usure du temps et ce chez tous les médecins même ou surtout les meilleurs et les plus consciencieux.

Et ce désinvestissement ne peut conduire qu’à une certaine  démobilisation qui n’est pas sans conséquence sur la prise en charge du patient.

Car quoique peuvent penser les spécialistes ou les patients, la société et leurs représentants élus ou dirigeant des tutelles ou d’organisation de soins, ni les différents forums d’internet, ni les articles ou documentaires « Santé », ni la prise en charge hyperspécialisé en établissement de soins ne peuvent remplacer la prise en charge globale immédiate et dans le temps, individuelle et familiale, curative, préventive et éducative voir rééducative du médecin généraliste. 

Du diagnostic à la bonne orientation, de l’accompagnement à l’acceptation du « verdict » et à l’adhésion au traitement, de la survivance au psycho traumatisme de degré variable à l’adaptation à la vie quotidienne personnelle, professionnelle et sociale, la présence du médecin généraliste est indispensable.  

Le rôle du médecin est là indispensable avec son attachement réciproque cette relation Duelle si spécifique.

Ce qui en fait avec la pharmacie, les infirmiers, les kinésithérapeutes… les acteurs clefs de la prise en charge en ville mais aussi de plus de 95 % du temps de vie d’un patient, qui sont d’abord tout simplement des  êtres humains.

Et pourtant la morosité est là …

Les internes, nos futurs médecins eux aussi cherchent le sens de leurs investissements et semblent ne pas souhaiter sauter le pas, faire comme les ainés, être corvéables à merci en ville, ne pas avoir de vie personnelle ou de famille pour soi…

En 20 ans, la médecine a changé, les acteurs de santé se sont multipliés, ils ont pris place et opinions.

Les médecins ont aussi avancé sur l’analyse de leurs pratiques, de ce discours singulier « médecin-patient » et sur la description de leurs activités et des besoins de coordinations, de réflexion, de formation.

Les syndicats de médecins heureusement sont actifs, les groupes de formation de médecins, les conseils de l’ordre, les groupes de maître de stage, les associations…

Mais au total il existe un rôle de l’acteur principal qui ne peut être occupé que par lui.

Alors on peut améliorer son jeu, agencer autrement ses accessoires, agrémenter son décors, changer la mise en scène, adapter son texte, le faire jouer dans une salle comble ou vide, l’interdire de jouer…

Mais envers et contre tout il restera toujours L’ACTEUR PRINCIPAL : LE MEDECIN MALGRE LUI OU GRACE A LUI

ET C’EST LUI SEUL QUI EST LE MAITRE DE SON PROPRE JEU.

C’est pourquoi  je pense qu’il faut aussi qu’à sa propre échelle, le médecin lui-même introduise sa propre VOLONTE.

Et c’est là qu’existe des lueurs d’espoirs. Tant de médecins, tant de pratiques différentes tant d’ingéniosité pour soigner.

En exercice de groupe ou seul, il met en œuvre au mieux toutes ses compétences innées ou acquises.

Et chacun trouve la patientèle qui lui ressemble un peu et qu’il façonne chaque jour tout comme elle le façonne. Car il y a autant de patients différents que de moments de vie, que de pathologies,  que d’humains.

Il n’existe pas de réponse unique.

Et j’admire tous les médecins qui se lèvent chaque matin pour soigner leurs patients.

A chacun sa pratique dans le respect de notre déontologie de médecin.

Moi, après beaucoup de changements d’activité, j’ai choisi depuis 3 ans une pratique de proximité incluant en plus du suivi de médecin traitant, des semi urgences et des actes technique car un ami exerçait de cette façon-là.

Cette pratique m’impose des contraintes très fortes et paradoxalement m’apporte beaucoup de satisfaction et de curiosité médicale.

Le médecin peut exercer son art avec toutes les possibilités techniques et les outils disponibles en ville. Il peut se concentre sur son cœur de métier étant accompagné d’une assistante administrative et d’un coordinateur de soins.

Une fois mieux décrite, organisée et financé , je suis convaincue qu’il peut permettre que le médecin généraliste gagne en qualité de vie.

Entre contraintes économiques et sociales, face à l’enjeu du numérique, vu la « désertification médicale », je suis convaincue que nous sommes à une croisée d’un chemin où un nouveau type de pratique doit se mettre en œuvre.

Si les propositions, les contraintes et les soutiens peuvent être divers et nombreux, ce ne pourra qu’Etre le médecin lui-même, au cœur de sa pratique réelle de terrain, qui pourra organiser et s’approprier ce changement.

Et j’en appelle à tous ceux qui exercent encore avec conviction et passion la Médecine de s’exprimer, de nous expliquer leur mode d’exercices de proximité et de nous donner ici leur recette du Médecin Heureux.

A tout ceux qui ont réinventé la médecine de campagne, continué ou réintégré des actes techniques dans leur pratiques quotidiennes, réalisé de actes gynécologiques, mis en œuvre leurs compétences acquises par 3 ans d’externat dans les hôpitaux , par 3 ans d’internat de médecine générale, par leur expérience professionnelle « même si elle n’a pas donné lieu à une validation des acquis », par leur poste de PH, d’urgentiste, de faisant fonction de chef de clinique, d’attaché des hôpitaux, de titulaire de Diplôme universitaires supérieurs .

A tous ceux qui exercent la médecine avec conviction et Amour de l’art

A tous ceux qui ont trouvé les outils techniques et qui utilisent les nouvelles technologies misent à nos dispositions même en ville.

A tous ceux qui ont confronté notre pratique à celles d’autres horizons.

Chez le médecin il n’y a pas que de la « Bof attitude «, de la désespérance ou de la critique.

Un des constats, nous avons été formés à tant de chose et encore maintenant mais jamais à la gestion d’une entreprise, à la gestion du temps, à la gestion budgétaire et aux nouvelles technologies. Comme si certains mots étaient tabous…

Mu par tant de bon sentiment et de justification morale de notre action, de conviction du service rendu, nous avons tendance à mépriser et à nous laisser dépasser, envahir par l’« administratif », le budget… et nous sommes prêt à cautionner l’existence d’une nouvelle pathologie «  la phobie administrative »… et c’est elle qui nous broie à petit feu…nous pousse à  baisser les bras, à partir…

Et pourtant il existe des solutions.

 Il doit en exister

A.Cécile

LE MEDECIN, ACTEUR DE SA PRATIQUE DE VILLE

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